L'Italien by Ann Radcliffe

L'Italien by Ann Radcliffe

Auteur:Ann Radcliffe [Radcliffe, Ann]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Éditeur: Bibliothèque électronique du Québec
Publié: 2013-04-27T15:28:28+00:00


XIV

Pendant que la marquise et le moine conspiraient ainsi contre la vie d’Elena, l’orpheline était encore au couvent des ursulines, sur le lac de Celano, où elle avait trouvé un asile. À la suite de tant de fatigues et d’inquiétudes, elle s’était sentie trop souffrante pour continuer son voyage. Il se passa plus de quinze jours avant que l’air pur et la tranquillité de cette retraite eussent ranimé ses forces.

Vivaldi, qui la voyait tous les jours à la grille, s’était abstenu pendant tout ce temps de renouveler des instances qui, en agitant l’esprit d’Elena, pouvaient retarder le rétablissement de sa santé. Mais quand il la vit plus affermie, il se hasarda, par degrés, à lui exprimer la crainte que le lieu de sa retraite ne fût découvert et qu’elle ne lui fût ravie une seconde fois. Danger dont leur mariage pouvait seul les garantir. À chaque visite, Vivaldi revenait sur ce sujet, n’épargnant ni les arguments ni les sollicitations. Il réclamait aussi l’exécution de la promesse donnée par Elena elle-même en présence de sa tante, en lui rappelant que, sans une déplorable catastrophe, la jeune fille aurait depuis longtemps déjà comblé ses vœux. Enfin, il la conjurait de faire cesser l’incertitude où il vivait et de lui donner le droit de la protéger hautement avant de quitter son refuge momentané.

L’émotion du jeune homme, plus encore que ses raisons, toucha fortement le cœur d’Elena et, sa tendresse se réveillant plus vive avec sa reconnaissance, elle se reprocha de sacrifier au soin de sa dignité le bonheur d’un homme qui avait bravé de si grands dangers pour lui prouver son amour. Elle le congédia un jour en lui permettant quelque espoir et promit de l’instruire, le lendemain, de sa dernière résolution.

Jamais nuit ne fut pour le jeune homme si longue ni si pénible à passer. Seul, sur les bords du lac, agité tour à tour d’espérance et de crainte, il s’efforçait de prévoir cette décision d’où dépendait tout son bonheur, tantôt l’appelant de ses vœux, tantôt le redoutant. Elena n’eut pas des moments plus tranquilles. Toutes les fois que sa prudence et sa fierté la dissuadaient d’entrer dans une famille qui la repoussait, l’image de Vivaldi venait aussitôt plaider la cause de l’amour et de la reconnaissance.

Le lendemain matin, Vivaldi était à la porte du couvent bien avant l’heure indiquée. Le cœur palpitant, il attendait avec anxiété que la cloche l’avertît du moment où il pourrait entrer. Ce signal donné, il se précipita au parloir. Elena y était déjà. À sa vue, elle se leva toute troublée. Vivaldi s’avança d’un pas chancelant, les yeux fixés sur ceux de sa bien-aimée ; il la vit sourire et lui tendre la main. Plus de doute, plus d’inquiétude ! Il serra la main de la jeune fille dans les siennes, incapable d’exprimer sa joie autrement que par des soupirs profonds et, s’appuyant sur la grille qui les séparait :

– Ah ! s’écria-t-il, enfin vous êtes donc à moi !... Nous ne serons plus séparés !... À moi Elena.



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